1/16/2006

Le syndrome de l'escalier

Syndrome de l'escalier : Frustration ressentie lorsqu'on n'a pas parlé ou agi à un moment clef, et qu'on le regrette de façon latente par la suite. Le nom provient d'un exemple précis : dans une soirée, une dispute éclate, vous en êtes l'un des acteurs et l'adversaire parvient à vous clouer le bec. Vous ne trouvez quoi répondre que bien après, en quittant la soirée, en descendant les escaliers.

C'est un problème très récurrent. Le blocage. Vous en avez sans doute eu aussi. Ces moments désagréables où on a envie d'agir ou de dire quelque chose, ce genre de truc qui nous tient vraiment à coeur, mais on n'ose pas, on s'empêche d'y aller.

Les dénouements sont variés. Soit on garde ça bien enfoui et ça nous ronge totalement, et à chaque fois que l'occasion se présente à nouveau, même torture.

Ou encore il n'y avait qu'une occasion unique, que le blocage a gâché alors que ç'aurait pu être LE déclic qui aurait pu changer toute une vie - on dit qu'il suffit d'un jour pour changer une vie, c'est d'une banalité affligeante mais je pense que c'est tout à fait vrai.

Autre résultat possible : on se fait couper l'herbe (à chat ?) sous le pied. Exemple, dans la vie professionnelle : au cours d'un débat ou d'une réunion, on n'ose pas se manifester pour donner une idée, et on ressent la pire des frustrations quand c'est le collègue qui est encensé à la place. D'autant plus si on lui avait dit l'idée quelque temps avant, dans le couloir.

C'était un des sujets du cours d'expression orale de ce matin. Du blocage à ne pas oser intervenir à l'oral en cours au blocage au cours d'une réunion (d'ailleurs le dernier exemple est une reprise intégrale d'un des exemples du cours).

Bref, au final, je trouve qu'il vaut vraiment mieux dire « J'aurais mieux fait de me taire » que « J'aurais mieux fait de l'ouvrir ».

Cela relève aussi du problème de la spontanéïté, que j'avais, il me semble, déjà abordé en ces pages.

Je pense en tous cas n'avoir pas mal avancé à ce niveau-là, même si je râte encore des occasions où j'aurais du. Ce qui me tracasse un petit peu plus ces derniers temps, c'est les questions directes. Je me suis rendu compte que j'étais vraiment un spécialiste pour ne pas aller droit au but, que c'était souvent cause de lassitude (donc de non écoute) de mes interlocuteurs, et que c'était aussi une cause de malentendus, voire une spontanéïté qui n'était pas complète.

Je me souviens d'un exemple très concrêt : pour un exposé à deux, je voulais me mettre avec X. Au lieu de lui demander « Veux-tu faire équipe avec moi ? », je lui demande « Tu es avec qui pour l'exposé de Truc ? ». Elle me répond qu'elle est seule, et avant que je dise quoi que ce soit, un Y qui était à côté de nous, lui propose l'association qu'elle accepte immédiatement. Je me souviens avoir été très amer ce jour-là. Finalement, le dénouement n'a été pas si mal puisque j'ai eu des collègues exceptionnels à la place.

Et puis, après avoir passé neuf mois avec quelqu'un qui ne comprend rien et qui ne sait pas se faire comprendre, on finit par comprendre certaines choses (hihi... et encore, qu'est-ce que ç'aurait été si on était sortis ensemble !). D'ailleurs, toujours dans ce cadre de la spontanéïté et de l'attitude directe, je le crie haut et fort : à ce jour, Parapluie, je ne te suis pas aussi indifférent que je peux l'affirmer puisque je te conspue de tout mon être. Je te voue aux gémonies, même.

En tous cas, fort de ces quelques expériences, je manie de mieux en mieux l'art des questions et affirmations directes. Et c'est clair, ça fonctionne beaucoup mieux et je me fais beaucoup moins de mouron. Au moins, guère plus de désillusions, mais d'avantage de certitude, et pour autant le suggestif et le second degré ne sont pas en reste.

La vie est belle, je trouve.

Ah, depuis hier soir, je lis L'Écume des jours de Boris Vian. Je vais de surprise en surprises. Toutes excellentes.