1/21/2006

Pour un simple milliard de francs

BilletsNous sommes des êtres très sensibles à notre environnement, assez influençables par les informations qui nous rentrent dans la caboche. Exemple immédiat. Aujourd'hui, en me levant (après une grasse matinée bien méritée), j'écoutais les informations à la radio. « La cagnotte d'Euromillions n'a pas été remportée hier, personne n'a trouvé les six bon numéros. C'est donc une cagnotte de 149 millions d'euros, soit environ un milliard de francs, qui va être remise en jeu vendredi prochain ». Tout mon raisonnement qui s'en est suivi sous la douche était basé sur cette information, et la question qu'elle m'avait induit à me poser : « Si je joue, et je gagne, comment sera ma vie ? ». Je pense tout d'abord que je garderai la tête bien ancrée sur les épaules. Il y a trop d'occasions où j'aurais pu pêter les plombs et où j'ai gardé le cap pour que je perde les pédales pour un simple milliard de francs. C'est décidé, si je gagne de l'argent du jour au lendemain, je continuerai ma vie telle qu'elle est puisque je l'adore. Une vie, non pas de « pauvre », mais une vie « classique ». Je ne ferais pas comme ces gagnants que l'on voit dans Capital ou Zone Interdite, qui arrêtent de travailler et qui vont vivre - et flamber - à Monaco. Je prends tellement de plaisir à apprendre la communication et à défouler ma créativité. Et puis, tous les communiquants vous le diront, la principale motivation de ce métier est la passion et non pas le lucre (Béa, Axou ou Chantilly, si vous passez par ici, vous pourrez peut-être confirmer ou infirmer mes dires ?). Le tout premier usage que je ferais de cet argent, c'est d'en faire une source durable, en investissant dans l'immobilier par exemple. Je pense que j'y placerais au moins 66 millions d'euros. Le reste, je m'en servirai pour pimenter un peu mon existence, pour casser quelques limites qui n'étaient que pécuniaire. Ainsi, j'achêterai les D.V.D. et les C.D. que j'ai envie de posséder (L'intégrale de Futurama, le film Love Actually, des albums de Pow Wow, de Supertramp, des Wriggles, de Sting & The Police...), ainsi que ces logiciels hors de prix dont je ne peux me servir qu'à la fac, en stage ou à la radio et qui pourtant me permettraient de créer beaucoup de choses (principalement InDesign, Photoshop et CoolEdit Pro) sans devoir recourir à des solutions de fortune. Je donnerai aussi de l'argent aux œvres que j'admire. Tout ce qui est GNU (des projets de grande envergure, communs et bénévoles, qui ne vivent que des donations) Wikipedia, Mozilla, et dans une mesure plus personnelle Parano.be... Je soutiendrai aussi les artistes en voie de devenir cultes, comme Bonetcha*. Je pense que j'achèterai 30 de leur prochain album en souscription, comme ça lorsque je voudrais les faire découvrir à quelqu'un, il me suffira de lui offrir le C.D., plutôt que d'avoir une frustration commune « Tu peux l'acheter là, là et là. - Oui mais je n'ai pas les moyens d'y aller. ». Et puis, je crois en eux. Moi-même, j'aimerais mener à bien ce projet qui me travaille, celui de créer un groupe. Je vois déjà quelles personnes pourraient y être, et la plupart de ces personnes se sont dit partantes. De l'argent, ça veut dire qu'on peut louer ou acheter du matériel audio, et se déplacer facilement pour faire des concerts, histoire de faire nos armes et de se faire connaître (tant de choses à faire...). De façon plus anticipative, des fonds permetteraient de louer un studio et financer le tirage d'un album, et même d'assurer sa promotion. Un premier avantage, c'est qu'on est pas obligé de rentrer dans nos frais, on peut tirer à fond perdu - car entendons-nous bien, le premier usage que je vois à la musique, c'est la création artistique et non la rentrée d'argent. Un second avantage, c'est que si ça marche, qu'on est aimé du public, la musique peut devenir une source de revenus à part entière, au même titre que l'immobilier. Et par la suite, on peut faire d'autres albums, l'avantage étant qu'on ne sera pas pourris par le fric. Mais justement, au cours de ma réflexion, j'ai aussi envisagé quels étaient les défauts de cette position de riche. Je pensais à l'I.S.F., mais il me semble que les euros gagnés au jeu sont nets d'impots (à vérifier). Et puis, ce n'est pas le pire problème. Moi, la situation qui me rendrait vraiment amer, ce serait que soudainement, une demoiselle dont je suis amoureux me tombe dans les bras et se dise soi-disant « amoureuse depuis toujours ». Même avec toute l'envie et la volonté que j'aurais d'y croire, je n'y croirais pas. Voilà le problème de l'argent : il engendre l'hypocrisie et le faux. Bien sûr, au quotidien - et c'est le lot de notre société - je fréquente pas mal d'hypocrites et ça ne me dérange pas car je finis toujours par savoir tout ce qui se dit sur moi par derrière, et certains ne se l'imaginent même pas. Je sais tout... Je sais en revanche qui m'est réellement fidèle, en qui je voue une confiance entière et non dissimulée, et je sais que l'argent ne changera rien à leur attitude. Vous voyez, c'est le genre de personne qui me dira tout de suite si la richesse me monte à la tête. Seulement, l'amour n'est pas une valeur sûre à notre époque, à moins de trouver la crème. J'en connais qui ont cette chance. Mais surtout, l'amour intéressé, les « je t'aime » qui veulent dire « je veux ton fric », c'est à vomir. Et là, c'est un coup à devenir paranoïaque : pourquoi, soudainement, des déclarations d'amour, alors qu'il y aurait eu tout le loisir de les faire avant ? Sur ce coup, je sais que moi, quand j'aime quelqu'un, je me fiche complètement qu'elle ait du fric ou qu'elle soit fauchée, j'aime c'est tout. Mais je ne peux avoir de certitude que pour moi-même. Donc si je deviens riche, je pense que je me condamnerai à rester célibataire - c'est pas grave, vous pensez, depuis bientôt 20 ans, j'ai l'habitude ! - je prefère ça à avoir des arrière pensées où à avoir l'impression d'avoir épousé une pute (j'insiste sur ce mot-clé, il génère plein de visites !). Parce que aller vers quelqu'un pour son argent, ce n'est ni plus ni moins qu'une forme d'officieux et d'odieux proxénétisme. Certes, avec de l'argent, on peut se payer des putes de luxe (re mot-clé !), mais bon, si j'étais le genre de personne qui privilégie les relations sexuelles et qui n'accorde aucune importance à l'amour, ça se saurait... Heureusement, je sais que quoi qu'il arrive je pourrais toujours compter sur la vérité de mes proches : proches parents et amis fidèles. Fidèles à moi-même et à eux-même, quoi qu'il se passe, ils me considérerons toujours comme la personne que je suis. Un peu comme dans Le Petit Prince, ces gens-là me voie comme la somme de mes passions, de ce que j'aime et n'aime pas, et non comme une quantité d'informations numériques. Un avis à toi (suspense, mais de quelle fille s'agit-il ?) : si tu as l'impression que je t'aime, et si tu m'aimes aussi, n'attends pas que je devienne riche pour me le faire comprendre, sinon je n'y croierai pas et tout le bonheur qu'on aurait pu vivre n'existera jamais. Fais vite, si ça se trouve, dans une semaine, j'aurais gagné à Euromillions. L'argent fera-t-il le bonheur ?