5/20/2006

Quelques Arpents de Pièges

Je ne vous ai toujours pas parlé de cette fameuse tournée de théâtre au Québec... Et je ne vais pas en parler tout de suite, mais juste vous glisser quelques mots au sujet d'une anecdote pour le moins truculente. Au Québec, outre la visite et le travail préalable au spectacle, nous étions aussi très occupés par divers jeux. Bataille corse, Jungle Speed (attention avec ce lien, le site cible vous crie dans les oreilles)... Logo de Quelques Arpents de Pièges, le Trivial Pursuit québecoisEt un jour, un compagnon de jeu hors pair, Cémy, vient annoncer, l'air malicieux, que nous allons jouer à Quelques Arpents de Pièges. Sous nos regards interrogateurs, il précise qu'il s'agit tout bonnement du Trivial Pursuit québecois. Effectivement, c'est tout à fait clair quand on voit le logo (ci-contre ;
crédits photos : Cémyprod). Ce qui nous ammène à un aspect culturel particulier du Québec : la francophonisation. En effet, ils sont très respectueux de la langue française et vont faire en sorte d'éviter au maximum les anglicismes. Ainsi, sur les équivalents de nos panneaux « STOP », il est marqué « ARRÊT ». Mais ça reste très confus parce qu'à côté de ça, les québéquois utilisent nombreux termes anglais. Sans compter les mots traduits en anglais puis re-traduits phonétiquement en français. Ça donne par exemple : « Tu pèses sur le bouton » (pèse = équivalent phonétique de push en anglais, qu'on traduirait en français par presser), ou alors « char » pour voiture, dérivé de la traduction anglaise car. C'est bon, vous suivez ? Hmm, je crois que j'en vois qui sont perdus... Tout ça pour dire que Quelques Arpents de Pièges a éveillé chez nous les plus vifs questionnements. Pourquoi avoir pris un nom alambiqué de la sorte, et qui s'éloigne tellement du nom d'origine ? N'auraient-ils pas pu appeller le jeu tout simplement « Poursuite Triviale » ou quelque chose dans ce goût-là ? Nous avons résolu le problème après de nombreuses recherches approfondies (tu parles, on a regardé sur Internet, c'est tout !). Il se trouve que Quelques Arpents de Pièges est une référence à une expression propre aux Québecois, « quelques arpents de neige ». C'est en fait une citation extraite de Candide, de Voltaire, assez dénigrante envers le Québec. Tout est expliqué clairement sur un article de Wikipédia : Quelques arpents de neige (histoire). En tous cas, avant même d'avoir résolu cette enquête, nous nous sommes appropriés l'expression comme référence commune. D'ailleurs le grand jeu, lors de la dernière représentation du spectacle au Québec, était de la placer au détour d'une réplique, en espérant que ça fasse réagir notre public Québecois. Bravo à Cémy et à Tise qui ont réussi avec brio cet exercice de style. Je m'y suis également prété, mais c'était moins périlleux pour moi car ma saynète solo laissait de toute façon une grande place aux ajouts de dernière minutes. Ah, et ça vous intéresse peut-être de savoir comment nous avons joué à Quelques Arpents de Piège ? Nous n'avons pas fait la partie en entier. Je me suis fait complétement laminer. Mais il faut dire que si des questions étaient d'envergure mondiale, d'autres se rapportaient à des faits culturels québécois que nous ignorions. Cependant, certaines terminologies étaient vraiment intéressantes. Nous avons par exemple appris que le Monopoly était un jeu de planche (sans doute une traduction littérale du terme anglais « board game »), et qu'il était interdit en Russie. Une chose à dire sur le Québec : je n'ai qu'une envie, c'est d'y retourner ! Ce pays est merveilleux. Il faudra juste attendre que j'ai beaucoup d'argent. Je crois que je peux me remettre à Euromillions.