6/06/2006

Elles sont des notres

Elles sont parties ce matin, par le train. Ces Québécoises de la troupe des Treize, de l'Université Laval, étaient vraiment des personnes exceptionnelles. Comme nous même, la troupe Théâtre et Sciences, sommes allés jouer à Québec au Québec, elles sont venues à Clermont-Ferrand jouer leur spectacle et découvrir nos vieux volcans. Elles étaient au complet, 8 en tout, et nous étions environ huit aussi... sur la trentaine d'étudiants que comportait la troupe à l'origine. Cependant, je ne regrette pas d'avoir fait partie de ces huit-là. Ces jeunes filles, bien que toutes différentes et ayant des personnalités et des styles très variés, avaient toutes le point commun d'être très mature, et d'une ouverture d'esprit à couper le souffle. Ainsi, du samedi soir où on est allé les cueillir à la gare jusqu'à cette nuit du lundi au mardi ou nous avons passé une grande et belle soirée à festoyer comme il se doit. Et parfois, dans la vie, il y a des moments qui deviennent tout simplement magiques. Se mettre à chanter tout de go La complainte du Phoque en Alaska, et surtout en chœur et avec l'accent d'origine. Entonner quelques chants plus ou moins paillards typiquement issus du folklore français. Les entendre répliquer par leur folklore à elle! Et être surpris aussi par ce que nous avons en commun (et encore, je ne vous parle pas de la séquence «génériques de dessins animés» Boumbo!). Et le patron du Tout du Cru qui nous offre un digestif, que nous buvons cul-sec, sachant que quand les uns boivent, les autres les accompagnent en chantant de bon cœur, selon le cas : «Amie québécoise, amie québécoise, lève ton verre, et surtout, ne le renverse pas...» «Ami français amis français lève ton verre, et surtout, ne le renverse pas...» Le plaisir de la suite de la soirée où nous voguons dans des bars vraiment bien, tout en faisant les fous et en chantant et en jokant à tue-tête. Partie de dames improvisée sur des dalles en damier, avec nous en guise de pions. Et moi qui joue le jeu du mec complétement saoûl qui fait n'importe quoi, et le plaisir de voir que certains sont convaincus que je le suis (même si d'autres m'indiquent clairement leur doutes). Ce soir-là, je me suis senti plus proche du Québéc que je ne me le suis jamais senti lors du voyage là-bas. Plus proche des gens aussi. Ce genre de soirée, si c'était possible, j'en reprendrais bien un morceau tous les soirs. Emotion, rires, chants, défoulement, et beaucoup de chaleur et de partage. Et puis que ne parle-je pas de leur pièce ? Les Braises du Kanoun, texte magnifique et émouvant, interprété et mis en scène avec beaucoup de saveur. C'est simple, j'ai frisonné, j'ai pleuré. Ça m'est déjà arrivé à un concert ou devant un film, mais je crois que pleurer devant une pièce de théâtre, c'était bien la première fois. Brefs instants vécus à fleur de peau, bien trop brefs d'ailleurs. Brefs au point de me donner vraiment envie de retourner les voir au Québec. Au moins, pour la plupart, je leur ai dit au revoir à la fin de cette soirée, alors que l'Euphorie était encore là. Je suis tout de même ravi que mes derniers mots adressées à une Québécoise était ce genre de vérité particulièrement malicieuse et primordiale qui ont parfois du mal à sortir. C'était ce matin, en sortant de l'ascenseur, alors que je partais à mon stage... La raison même pour laquelle je n'ai pas pu aller leur dire au revoir sur le quai de la gare. Mais en même temps, voir tant de personnes géniales qui partent en train pour bientôt, et se sentir impuissant en agitant son mouchoir, face aux wagons qui filent de plus en plus vite sur les rails... ce n'est vraiment pas une situation que j'aime bien. Les aurais-je connu si j'étais né au Québec ? Comment ma vie aurait-elle été différente ? Aurais-je été dans les mêmes jeux ? Oh, je ne regrette rien. Sauf de ne pas avoir de liaison Vichy-Québec rapide et peu coûteuse. En tous cas, pour ces huit des treize qui passeront par ici par hasard ou pas la force des choses, je ne peux conclure qu'à un grand merci. Apollinaire aurait été content de vous voir rallumer les étoiles comme ça. Il était grand temps.